Une voix qui gronde ou qui caresse
« Véro, Véro ! » Les lumières
sont à peine éteinte que déjà la salle est
en délire. Il suffit que la chanteuse apparaisse dans un décor
à moitié futuriste (quatre grosses colonnes entourant une
grosse lune kaléidoscope) pour que les applaudissements crépitent.
Ce sera comme ça tout au long de la soirée. Applaudissements
et acclamations dès qu’elle entame les premières notes d’une
ancienne chanson. Rarement vu la Cité des Congrès aussi enthousiaste.
Dix minutes à scander son nom, sans faillir, à la fin du
spectacle pour qu’elle revienne...
Elle, pendant deux heures, sur-vitaminée, cuir
et lunettes noires, arpente la scène, incite le public à
frapper dans ses mains. Elle se fait rageuse, pour, sur des rythmes rock,
chanter « On m’attend là-bas ». Se la joue sensuelle
pour « Bahia », nostalgique et presque douloureuse pour
« Dis-lui de revenir ». Et toujours, cette voix reconnaissable,
entre mille, qui glisse entre le grave et l’aigu, jongle avec les notes
et les vibratos. Une voix qui gronde ou qui caresse...
Mais c’est dans ses chansons plus intimistes qu’on la
préfère. Quand, elle nous offre des perles « d’amour
pur et dur » comme le très beau « Toi et moi »
accompagné juste au piano et au sax. C’est là, dans la sobriété,
que la voix excelle. Et que Véronique Sanson fait frémir.
C’est là aussi qu’on savoure le texte. Qu’on s’enfonce dans une
douce mélancolie. Qu’on se laisse prendre par ses chansons qui donnent
envie d’être amoureux.
Dommage que l’entracte coupe le charme. D’autant que
la deuxième partie du spectacle, nettement plus rock, a aussi moins
de charme. Sûr, Sanson a une forme incroyable. Sûr ses choristes
danseurs ont de l’énergie à revendre. Sûr, c’est le
grand show avec grand jeu de lumière (un peu trop ?). Hyper pro,
hyper rodé. Mais ce n’est pas forcément ce qui nous plaît
le plus chez elle. On rêve de Véronique Sanson juste accompagnée
au piano. Simple et émouvante. Comme lors du rappel où elle
reprend « ma révérence ». Ou, ultime cadeau,
un « petit quelque chose » de Gershwin. Piano-voix. On n’en
demande pas davantage.
Yasmine TIGOÉ